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Le pourquoi de l'abandon
l’interrogation de l’ennéatype 1
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Même le Christ a douté, rapporte l’Evangile, à la fin de sa vie, juste avant qu’elle le quitte. Celui qui reprochait aux hommes de peu de foi que nous sommes souvent, d’avoir douté de Dieu, semble avoir perdu pied en adressant au ciel des mots désespérés. Mais cette parole brûlante du tout dernier moment exprime t’elle vraiment ce sentiment malsain qui parfois nous assaille et qui peut devenir un état permanent qui ronge et empoisonne chacun de nos instants ?

C’est l’ennéatype 6 qui symbolise la Foi, et donc le sentiment d’abandon qui s’installe quand celle-ci disparaît. Douter s’oppose à croire et il y a tout lieu de penser que le doute prend la place de la Foi lorsqu’elle vient à mourir. Mais le doute appartient à une autre triade que celle qui représente l’habitation du Soi, portée par l’énergie qui apporte la paix ou trahit l’anxiété. C’est à droite en effet, vers ceux qui symbolisent le Soi dans la durée, que la force vitale s’envole vers l’espérance ou sombre dans l’eau trouble de l’incertitude.

Au centre de ce groupe est l’ennéatype 3, sommet, comme le type 6, du triangle central. Le lien qui réunit ces deux ennéatypes va du 6 vers le 3, mais que peut-il transmettre lorsque s’est effondré le soutien qui assure l’équilibre du Soi ? Que peut bien recevoir celui qui est censé être un lieu de passage quand l’ennéatype 6 n’a plus la certitude de trouver un appui en toute circonstance et qu’il s’est enfermé dans l’immobilité par crainte de tomber ?

Le type 3 a besoin d’être en sécurité pour pouvoir recevoir et laisser s’en aller ce qui lui vient d’ailleurs. Et l’ennéatype 6 devrait lui procurer cette assurance tranquille qu’il n’est pas nécessaire de prendre pour donner. Mais lui-même a perdu la qualité qui porte et qui, en s’effaçant, engendre l’inquiétude et la fébrilité dont soufre le type 3. Comme si l’agitation qui le caractérise pouvait se substituer à cette mobilité qui permet d’accueillir.

La perfection du Christ n’a pas grand chose à voir avec la transmission et la confiance perdues, ce que vient signifier l’absence de relation entre ces deux sommets du triangle central et l’ennéatype 1. Car c’est lui en effet qui en est investi, qui sait assurément que les imperfections du monde qui nous entoure ne sont que l’expression d’une Perfection plus haute qu’en aucune façon elles ne peuvent déparer. Alors pourquoi ces mots où résonne la souffrance face à une injustice que l’on voudrait comprendre ?

A l’ennéatype 1 fait face le type 5 et cette situation les unit à jamais pour affronter le pire mais aussi le meilleur. Sans même le savoir, ces deux ennéatypes ont contracté mariage et leur union discrète peut être l’occasion d’une heureuse ascension vers la transformation ou d’une triste descente vers les feux de l’enfer. Or il semblerait bien qu’il y ait eu divorce entre voir et savoir, deux verbes que conjuguent, chacun à leur façon, ces deux ennéatypes.

Quand l’œil ne perçoit plus que les défauts de l’Autre et que le Soi s’obstine à gommer les erreurs que l’histoire, par mégarde, sème sur son passage ; lorsqu’il n’est plus possible d’accepter du réel que ce que l’intellect identifie et prend ; alors la vision juste est à ce point perdue, alors la connaissance est à ce point faussée, que le lien est rompu entre ces deux approches de la réalité, et les deux qualités portées par la vision et par la connaissance ne peuvent que s’exclure.

Les derniers mots du Christ ne sont pas ceux de l’Homme qui aimerait faire sien tout ce qui lui advient. Celui qui ne souhaite que retrouver toujours ce qu’il connaît déjà, pour qui la connaissance ne peut être autre chose qu’une reconnaissance, ne s’adresse pas au Père, lui qui jamais ne donne la réponse attendue. Le pourquoi par lequel débute la dernière phrase, ce pourquoi exprimé au moment de mourir, dit que voir et savoir peuvent se réconcilier. Mais quel est ce miracle qui nous ouvre les yeux et qui permet de prendre, en le gardant intact, ce qui ne peut se voir ? Ceci, mes chers amis, est une toute autre histoire…