Que savons-nous vraiment des objets, des personnes, des plantes, des animaux qui composent le monde ? Que savons-nous de nous, de ce que nous étions, de ce que nous serons, de ce que nous vivons, de ce Soi que nous sommes, qui se tient à distance pour mieux nous observer ?
De ceux qui nous ressemblent, nous ne pouvons saisir que ce qu’ils nous laissent voir, ou pensent nous laisser voir car souvent on se livre bien plus qu’on ne le croit, dans les mots, les regards, les gestes anodins qui font le quotidien. Ces petites trahisons, écart plus ou moins grand entre le Soi et soi, révèlent-elles au monde ce que nous sommes vraiment ?
Les autres quant à eux, nous les avons en main, eux que nous fabriquons, que nous domestiquons, eux que nous cultivons pour les utiliser, les aimer, les manger… mais est-ce bien certain ? Le regard ne voit pas qu’il ne peut approcher qu’une fraction du réel, que l’imagination, aidée de la mémoire, fait le reste et complète ce dont l’œil ne perçoit qu’une petite partie. Mais notre imaginaire garde t’il le recul que veut la vision juste ?
9 façons pour l’esprit de comprendre le monde, 9 façons d’approcher une même Réalité qui très vite dévient de leur route initiale et donnent 9 points de vue déformés sur la vie. Ces 9 visions de l'Autre dénotent la façon dont chaque ennéatype essaie de s’en saisir.
Ce que nous connaissons des autres et de nous-mêmes, est l’image réfléchie que notre œil en perçoit. Que ne voyons-nous pas de ce qui se présente ? Le miroir ne reflète jamais exactement ce qui lui est donné et cette différence mesure la distance entre le monde réel et notre monde à nous.
S’approprier le monde pour calmer la souffrance et pour combler le manque que la séparation a laissés derrière elle est une tentative qui ne peut aboutir. Le Soi qui cherche à prendre ne peut pas recevoir un soin qui par nature ne peut qu’être donné. Car le Soi veut tout prendre, il prend avec la main, il prend avec l’esprit. Nous prenons connaissance mais si l’intelligence se saisit du réel, qu’appréhende-t-elle vraiment de la Réalité ?
Le Soi ne peut savoir que sa quête de soin, en se trompant d’objet, se trompe de chemin. Comme une tâche aveugle laisse un point du réel hors du champ de vision, la perte provoquée par sa venue au monde fausse le point de vue dont il a hérité. Autour de ce trou noir dont il ne soupçonne pas l’existence et le rôle, s’organise l’ignorance qui sera désormais sa connaissance de l’Autre.
La façon dont la vue se saisit de l’objet, la façon dont l’objet se présente à la prise, s’emmêlent et se confondent dans l’objet aperçu. Il est bien difficile, dans notre perception de l’Autre et de nous-mêmes, de faire la distinction entre ce qui est du à notre approche du monde, et ce qui vient du monde agir sur cette approche.
Regarder autrement, c’est accepter de voir un monde différent de celui que le Soi voudrait s’approprier. Ne plus aborder l’Autre par des voies détournées oblige à renoncer à l’illusion tenace que la force du Soi réside dans l’avoir. Se montrer sans défense est le prix à payer pour faire face au réel sans chercher à le prendre et donc sans l’abîmer.