Être Soi

Il semble le plus simple des visages que le Soi peut prendre parmi trois. Quoi de plus naturel, quoi de plus évident que de se laisser être… un Soi, tout simplement ? Ne s’agit ‘il pas d’être, comme il semblerait bien que nous le fassions tous, sans se soucier de rien ? Hélas, la situation est beaucoup plus complexe. Car qui parle de Soi, convoque aussitôt l’Autre. Être le Soi du Soi, être le Soi de l’Autre, être Autre pour le Soi de cet Autre que Soi, selon que l’on est Autre, selon que l’on est Soi, tout cela finalement est fonction de la place qu’occupent le Soi et l’autre.

Tout serait donc mouvant, instable, relatif, rien ne serait donc fiable, immuable, rassurant ? Il suffirait d’un rien, d’un changement de place, pour que tout alentour s’organise autrement ? Si tel était le cas, plus rien n’aurait de sens et nous évoluerions dans un monde sans repère, un monde conflictuel où chaque Soi chercherait à ramener à lui tout ce qu’il peut avoir. Mais ce monde égotique n’est ‘il pas déjà là, n’est-ce pas le monde du Soi qui se décrit ainsi, lui qui veut nous convaincre et surtout se convaincre qu’il n’existe de loi que celle qui lui convient ?

Il est vrai que le Soi se voudrait seul au monde et qu’il ne s’accommode de la présence de l’Autre qu’à la seule condition de le faire prisonnier du monde circulaire dans lequel il s’enferme et dont il aime à croire qu’il est le seul possible. Et pour se persuader que ce monde est parfait, il lui faut oublier la fracture dont il souffre, qui le sépare en deux, deux morceaux d’un même Soi dont il s’oblige à croire que l’un d’eux est le Soi et l’autre, l’Autre que Soi.

Une fois convaincu que son univers clos fait une place à l’Autre, le Soi est dans un monde où tout est contenu. Il y trouvera donc le début et la fin, la cause et son effet, l’essence et l’accident, la substance et la forme, et la satisfaction de se dire que dehors, il n’y a rien du tout.

Et pourtant il faut bien qu’il y ait, quelque part, quelque chose qui donne sens au contenu du monde où le Soi se complaît. De quoi parlerions-nous si ce dont nous parlons n’était pas déjà là lorsque nous en parlons ? Quel sens auraient les termes que nous employons s’ils n’étaient désignés que par nos propres mots, qui ne peuvent rien dire d’autre que le vécu du Soi ? Ce qui permet au Soi de parler, de penser, ce qui le détermine, ce qui l’a précédé, ce qui lui survivra, n’est pas à sa portée. Il ne pourra le voir qu’en regardant ailleurs, sans chercher à faire sien pour ramener au même et ainsi effacer ce qui le fait tout Autre, en fait un autre Soi, une image, un reflet, ce non-Soi qui prétend être Autre que le Soi.

Ces deux protagonistes qui tantôt se complètent en une belle harmonie et qui tantôt s’opposent en une guerre fratricide sont alors entraînés dans une ronde effrénée où la raison elle-même se tord et devient folle, prend la cause pour l’effet, l’intention pour le but, le début pour la fin. Lorsque le face à face se joue au sein du Soi, l’orgueil enfle à ce point que le Soi est certain de contenir en lui les principes qui le fondent. Il en arrive à croire que cette façon de voir est la seule qui respecte toutes les manières d’être, alors qu’elle dissimule le plus grand égoïsme puisque rien ne peut être hormis la loi du Soi.

Être Soi par soi-même malgré la tentation, qui sera toujours là, de se déterminer en s’opposant à l’Autre, est tout à fait possible. S’accepter l’un et l’autre comme Soi singuliers, c’est accepter que tout ne réside pas en Soi, c’est cesser de vouloir gommer la distinction entre le Soi et l’Autre en cherchant à revivre un état antérieur à sa propre existence, c’est aussi mettre fin à cette quête erronée où l’indifférencié tente de se faire passer pour l’Unité perdue, perpétuant la césure qui déchire le Soi et l’empêche d’être un Autre unique parmi tant d’Autres.

Être Soi

Il semble le plus simple des visages que le Soi peut prendre parmi trois. Quoi de plus naturel, quoi de plus évident que de se laisser être… un Soi, tout simplement ? Ne s’agit ‘il pas d’être, comme il semblerait bien que nous le fassions tous, sans se soucier de rien ? Hélas, la situation est beaucoup plus complexe. Car qui parle de Soi, convoque aussitôt l’Autre. Être le Soi du Soi, être le Soi de l’Autre, être Autre pour le Soi de cet Autre que Soi, selon que l’on est Autre, selon que l’on est Soi, tout cela finalement est fonction de la place qu’occupent le Soi et l’autre.

Tout serait donc mouvant, instable, relatif, rien ne serait donc fiable, immuable, rassurant ? Il suffirait d’un rien, d’un changement de place, pour que tout alentour s’organise autrement ? Si tel était le cas, plus rien n’aurait de sens et nous évoluerions dans un monde sans repère, un monde conflictuel où chaque Soi chercherait à ramener à lui tout ce qu’il peut avoir. Mais ce monde égotique n’est ‘il pas déjà là, n’est-ce pas le monde du Soi qui se décrit ainsi, lui qui veut nous convaincre et surtout se convaincre qu’il n’existe de loi que celle qui lui convient ?

Il est vrai que le Soi se voudrait seul au monde et qu’il ne s’accommode de la présence de l’Autre qu’à la seule condition de le faire prisonnier du monde circulaire dans lequel il s’enferme et dont il aime à croire qu’il est le seul possible. Et pour se persuader que ce monde est parfait, il lui faut oublier la fracture dont il souffre, qui le sépare en deux, deux morceaux d’un même Soi dont il s’oblige à croire que l’un d’eux est le Soi et l’autre, l’Autre que Soi.

Une fois convaincu que son univers clos fait une place à l’Autre, le Soi est dans un monde où tout est contenu. Il y trouvera donc le début et la fin, la cause et son effet, l’essence et l’accident, la substance et la forme, et la satisfaction de se dire que dehors, il n’y a rien du tout.

Et pourtant il faut bien qu’il y ait, quelque part, quelque chose qui donne sens au contenu du monde où le Soi se complaît. De quoi parlerions-nous si ce dont nous parlons n’était pas déjà là lorsque nous en parlons ? Quel sens auraient les termes que nous employons s’ils n’étaient désignés que par nos propres mots, qui ne peuvent rien dire d’autre que le vécu du Soi ? Ce qui permet au Soi de parler, de penser, ce qui le détermine, ce qui l’a précédé, ce qui lui survivra, n’est pas à sa portée. Il ne pourra le voir qu’en regardant ailleurs, sans chercher à faire sien pour ramener au même et ainsi effacer ce qui le fait tout Autre, en fait un autre Soi, une image, un reflet, ce non-Soi qui prétend être Autre que le Soi.

Ces deux protagonistes qui tantôt se complètent en une belle harmonie et qui tantôt s’opposent en une guerre fratricide sont alors entraînés dans une ronde effrénée où la raison elle-même se tord et devient folle, prend la cause pour l’effet, l’intention pour le but, le début pour la fin. Lorsque le face à face se joue au sein du Soi, l’orgueil enfle à ce point que le Soi est certain de contenir en lui les principes qui le fondent. Il en arrive à croire que cette façon de voir est la seule qui respecte toutes les manières d’être, alors qu’elle dissimule le plus grand égoïsme puisque rien ne peut être hormis la loi du Soi.

Être Soi par soi-même malgré la tentation, qui sera toujours là, de se déterminer en s’opposant à l’Autre, est tout à fait possible. S’accepter l’un et l’autre comme Soi singuliers, c’est accepter que tout ne réside pas en Soi, c’est cesser de vouloir gommer la distinction entre le Soi et l’Autre en cherchant à revivre un état antérieur à sa propre existence, c’est aussi mettre fin à cette quête erronée où l’indifférencié tente de se faire passer pour l’Unité perdue, perpétuant la césure qui déchire le Soi et l’empêche d’être un Autre unique parmi tant d’Autres.

Être Soi D1
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Être Soi

Découvrir

Son incomplétude,
l'infini

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Être Soi

S'affirmer

Plein, achevé,
parfait

Être Soi D2

L'opposition

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L'Unité

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Être Soi D3

La complémentarité

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L'opposition

La différence

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L'Unité

Être Soi D4

L'effacement

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La complémentarité

L'opposition

La différence

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La reconnaissance

L'Unité